Le revenu agricole baisse à nouveau en 2024
En 2024, le résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels aurait régressé de 18,6 % par rapport à 2023, selon la Commission des comptes de l’agriculture de la nation qui s’est réunie le 3 juillet.

Les résultats 2023 et 2024 effacent l’embellie des années 2021 et 2022. Cette contreperformance de l’agriculture française en 2024, on la doit essentiellement au recul de la production agricole (- 8,8 %) fortement plombée par des conditions météorologiques défavorables et les évènements sanitaires exceptionnels. Ainsi, la valeur de la production végétale a chuté de 15,7 %.
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La production de céréales a reculé en volume de 16,8 % avec une érosion importante des prix de 11,5 %. Particulièrement concerné, le blé tendre où la baisse des rendements s’accompagne d’un recul des surfaces consécutif aux mauvaises conditions météo lors des semis d’automne 2023. Également frappées par la météo, les récoltes d’oléagineux dont les volumes ont régressé de 15,1 % sans que l’amélioration des prix compense la perte de production.
Et pour ce qui est de la viticulture, en dépit des très mauvaises vendanges (- 28,8 % en volume), la demande décroissante des consommateurs n’a pas permis le redressement des prix du vin. La conjoncture a été meilleure pour les fruits et légumes qui voient la valeur de la production progresser respectivement de 2,1 % et de 3,8 %, en raison d’une évolution plus favorable des prix, du moins pour certains produits.
Recul des productions bovines et ovines
Concernant les productions animales, la valeur s’est repliée de 0,9 % en valeur après trois années consécutives de hausse. Ainsi, la production de gros bovins a diminué en valeur de 2,4 % à cause d’une baisse des volumes, aggravée par des problèmes sanitaires et malgré une légère augmentation des prix. Idem pour la production porcine, dont la valeur est en baisse de 7,1 %, en raison d’un repli des prix (- 8,6 % après une hausse de 21 % en 2023), bien que les volumes se redressent (+ 1,6 %).
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En revanche, la production ovine croit en valeur (+ 12,3 %), malgré une réduction significative des volumes (- 4,7 %), liée ici aussi à des évènements sanitaires exceptionnels. La production de volailles affiche une progression en valeur de 1,7 %, portée par une forte augmentation de la production (+ 12,9 %) après l’épisode d’influenza aviaire et malgré une forte baisse des prix (- 9,9 %). Quant à la production laitière, elle manifeste une certaine stabilité, conjuguant légère croissance des volumes et des prix, respectivement de 0,4 % et 0,9 %.
Les consommations intermédiaires
En 2024, la valeur des consommations intermédiaires s’est repliée de 4,7 %, conséquence essentiellement d’une baisse des prix (- 7,7 %) en partie contrebalancée par une hausse de 3,3 % des volumes. L’essentiel de la baisse des prix est porté par les aliments pour animaux ainsi que par les engrais en phase avec les prix du gaz. Les subventions versées aux exploitants agricoles ont progressé de 2,6 % pour atteindre 9,317 milliards d’euros, en raison de la hausse des indemnités au titre des calamités agricoles. Les aides de crise ont été également importantes, liées aux évènements climatiques et sanitaires de 2024, les dégâts touchant la viticulture et les productions bovines et ovines (maladie hémorragique épizootique et fièvre catarrhale ovine).
FNSEA : nécessité d’actes forts
Dans un communiqué, la FNSEA prend acte de la dégradation du revenu agricole en 2024, soulignant que cette baisse observée depuis plusieurs années « doit alarmer les pouvoirs publics ». Jeunes agriculteurs et la FNSEA dénoncent, depuis plusieurs années, leur « manque d’ambition politique à la fois pour favoriser la compétitivité des exploitations…mais aussi pour rémunérer dignement les agriculteurs ».
Pour corriger le tir, la FNSEA demande au gouvernement d’agir sur : le maintien d’une politique agricole commune « disposant d’un budget à la hauteur des ambitions, ciblant la production et la souveraineté alimentaire » ; le renforcement de la loi Égalim ; et enfin la protection du marché agricole européen par la non-ratification de l’accord signé par la Commission européenne avec le Mercosur.