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Mobilisation devant l'ambassade du Brésil pour dire non au Mercosur

Mercredi 9 juillet, à la mi-journée, à l'appel de la Fédération nationale bovine (FNB), des éleveurs de toute la France se sont retrouvés devant l'ambassade du Brésil à Paris. Rejoints par des élus et des responsables agricoles des filières volailles et betteraves, notamment, ils ont redit leur opposition ferme et entière à tout accord avec le Mercosur.

Par Sophie Chatenet
Mobilisation devant l'ambassade du Brésil pour dire non au Mercosur
Les éleveurs se sont retrouvés à proximité de l'ambassade du Brésil à Paris pour dire Non à l'accord entre l'Union européenne et les pays du Mercosur .

Alors que la Commission européenne se dit désormais prête à ratifier l’accord UE-Mercosur d’ici la fin de l’année 2025 et, qu'en coulisse, sa présidente, Ursula von der Leyen, ne cache pas son souhait d'accélérer la cadence, quitte à contourner les règles juridiques pour faire adopter l’accord à la majorité qualifiée, les éleveurs français se sentent profondément trahis.

Depuis plusieurs mois déjà, ils multiplient les actions pour dénoncer les conséquences catastrophiques d'un tel accord pour l'élevage français, mais aussi pour les consommateurs. Ce mercredi 9 juillet, devant l'ambassade du Brésil à Paris, ils ont exhorté le président de la République et le gouvernement français à lever toute ambiguïté sur leur position vis-à-vis de l'accord. « Nous demandons au président Macron un engagement clair et public : non à la ratification, non à la scission de l’accord, non à la logique du fait accompli. Nos territoires ruraux et les agriculteurs ne peuvent pas être les variables d’ajustement de tractations parallèles », rappelle Christian Bajard, éleveur en Saône-et-Loire, coordinateur du berceau des races à viande du Massif central.

Danger pour l'agriculture française

Actuellement, le protocole d'accord entre l'Union européenne et les pays du Mercosur est de nature « mixte ». C'est-à-dire qu'il doit être ratifié à la fois par le Conseil européen, le Parlement européen et par tous les États membres. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a indiqué dernièrement travailler à la constitution d'une minorité de blocage.


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« C'est évidemment nécessaire. Mais l'enjeu primordial, aujourd'hui, c'est de s'opposer fermement à la scission de l'accord entre l'UE et le Mercosur », estime Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine. Le mandat initial confié à la Commission européenne par le Conseil prévoyait un traitement conjoint des trois volets de l’accord d’association UE-Mercosur : le dialogue politique, la coopération et le commerce. Une telle procédure implique l’unanimité des États membres, ainsi que l’approbation des parlements nationaux.

La Commission européenne propose désormais de traiter séparément la partie commerciale, qui relève de la compétence exclusive de l’Union européenne, et peut donc être ratifiée à la majorité qualifiée, du pilier politique et coopératif, relevant d’une compétence mixte, qui exigerait l’unanimité. Cette « scission » permettrait d’éviter le passage par les parlements nationaux et de court-circuiter l’opposition de certains États membres, celui de la France en particulier.

Passer des paroles aux actes

En visite en Aveyron, la semaine dernière, à l'occasion du centenaire de l'AOP Roquefort, Emmanuel Macron s'est dit opposé à la scission de l'accord. Les éleveurs attendent donc qu'il passe des paroles aux actes. Les sénateurs et députés français se sont unanimement opposés à l'accord UE-Mercosur, il serait inconcevable que leur vote n'ait pas de valeur.

« Nous demandons le véto de la France contre cet accord. Avec le soutien de tous les parlementaires français, le président de la République doit réaffirmer clairement son opposition par un veto ferme et ne pas ouvrir la voie à une ratification déguisée en autorisant la Commission européenne à scinder l’accord. La question de la minorité de blocage n’a pas à se poser si, en premier lieu, la France ne donne pas son mandat de négociations à la Commission européenne. C’est une question de démocratie », insiste Patrick Bénézit.

Pour mémoire, l'accord prévoit de faciliter l’entrée en Europe de 99 000 tonnes de viande bovine supplémentaires, sans aucune mesure de réciprocité sur les normes de production. Au-delà de la distorsion de concurrence liée à des normes de production inégales, l’accord avec le Mercosur menace directement les produits agricoles à forte valeur ajoutée (aloyaux de bœuf, filets de poulet, amidonnerie, sucre et éthanol issus de la betterave), mettant en cause la compétitivité de l’agriculture européenne et sa souveraineté alimentaire.

« Cette concurrence déloyale, dans un contexte de baisse de production européenne, est tout simplement inenvisageable pour les producteurs. Ces viandes sont issues d’animaux élevés en feedlots sans aucune traçabilité, dopés aux activateurs de croissance et aux hormones. Elles ne doivent pas avoir leur place dans les assiettes des consommateurs européens », renchérit Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB.

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