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Légumineuses

Luzerne : une récolte bien menée pour un fourrage de qualité

Face aux aléas climatiques et à la hausse des coûts des matières premières, la luzerne s’impose comme un fourrage stratégique. Néanmoins, sa récolte reste délicate. 

Par Alexis Desarmenien, conseiller herbe et fourrages, Chambre d'agriculture de la Creuse
Luzerne : une récolte bien menée pour un fourrage de qualité
La hauteur de coupe doit être de 8 cm pour favoriser une bonne repousse et limiter les pertes. © CDA23

Grâce à son potentiel nutritionnel élevé, sa richesse en protéines et sa résistance à la sécheresse, la luzerne joue un rôle clé dans l’autonomie alimentaire des élevages. Cependant, pour en tirer le meilleur parti, une récolte et un stockage optimisés sont essentiels. L’enjeu principal lors de la récolte de la luzerne est de préserver un maximum de feuilles, car c’est là que se concentrent les protéines et l’énergie. Une mauvaise gestion peut entraîner des pertes de feuilles pouvant aller jusqu’à 30 %, impactant directement la valeur nutritive du fourrage.

La solution la plus efficace pour limiter ces pertes est l’enrubannage. Il permet de préserver la qualité du fourrage et de réduire les pertes foliaires. Il nécessite un bon réglage des machines et au moins six couches de film plastique pour une conservation optimale. Sa récolte se réalise à un taux de matière sèche entre 45 et 65 %.

Fréquence de coupe : un équilibre à trouver

Il est recommandé d’attendre 45 à 50 jours entre deux coupes afin de maximiser la production sans fragiliser la plante. Une coupe trop tardive réduit la valeur nutritive et une coupe trop précoce affaiblit la luzerne et limite son potentiel de repousse.


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Les bonnes pratiques pour une récolte réussie sont : une hauteur de coupe de 8 cm pour favoriser une bonne repousse et limiter les pertes ; intervenir tôt le matin ou en fin de journée pour limiter le stress hydrique ; adapter la vitesse pour éviter la casse excessive des tiges et feuilles.

Il est nécessaire de laisser fleurir la luzerne une fois par an pour assurer sa pérennité.

Un levier économique et agronomique

La culture de luzerne est un investissement rentable. Son coût d’implantation moyen est de 558 €/ha, amorti sur cinq ans. Sa productivité peut aller jusqu’à 10 tonnes de matière sèche/ha, dès la première année. En permettant de réduire les achats de concentrés azotés, cela limite les coûts alimentaires. 

Un atout pour le sol

La culture de luzerne permet de fixer l’azote atmosphérique, réduisant les besoins en engrais.  Elle améliore la fertilité et la structure du sol. De plus, son intégration dans les rations d’élevage est facile. Grâce à sa richesse en protéines, la luzerne est particulièrement adaptée aux animaux à forts besoins nutritionnels (vaches laitières en production, bovins, ovins et caprins à l’engraissement, jeunes bovins en croissance).

Cependant, son apport énergétique reste modéré et nécessite souvent une complémentation avec des céréales (blé, maïs grain…). Le mode de distribution à privilégier est l’ensilage ou l’enrubannage, idéal en ration mélangée, permettant de réduire ou supprimer les concentrés azotés.

Un fourrage d’avenir pour l’élevage

Face aux défis climatiques et économiques, la luzerne s’impose comme une culture durable et rentable. En optimisant sa récolte et son utilisation dans les rations, les éleveurs peuvent renforcer leur autonomie fourragère et améliorer la rentabilité de leur exploitation.