La transformation des exploitations laitières s’accélère
D’ici 2030, un exploitant agricole sur deux prendra sa retraite. Les éleveurs laitiers réorganisent et adaptent peu à peu leur façon de travailler, tandis que les éleveuses doivent conjuguer avec certaines difficultés lors de leur installation

Robotisation, hausse du recours au salariat, croissance des grandes exploitations… Depuis quelques années, le secteur laitier connaît une importante réorganisation du travail. Selon Agreste, le pourcentage d’installations de traite robotisées était de 8 % en 2016 et a attient les 19 % en 2023. Parallèlement, le pourcentage de salariés recensés par la MSA a également fortement augmenté, passant de 11 % en 2010 à 21 % en 2023.
Le développement d’exploitations de plus de 150 vaches laitières est également un phénomène récent. Selon les chiffres de l’Idele, sur 43 940 exploitations laitières françaises recensées fin 2024, 14 % d’entre elles comportaient plus de 150 vaches laitières. Cette tendance a fortement augmenté à partir de 2015, année qui a signé la fin des quotas laitiers au sein de l’Europe et après laquelle 75 % des exploitations ont connu une croissance de leur rendement.
La Ferme France face à une baisse des installations
Ces nombreuses évolutions peuvent s’expliquer par une amélioration économique des exploitations laitières. En janvier dernier, l’Idele établissait la marge Ipampa lait de vache sur coût total indicé (MILC) à 200 €/1 000 l. Elle n’était que de 100 €/1 000 l au début de l’année 2022 et avait même connu une chute à 60 €/1 000 l à la fin de l’année 2017. Mais malgré ces signaux encourageants, le nombre d’installations est en baisse.
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Selon l’Idele, cette baisse peut être liée à deux hypothèses. La première serait que certains projets ont été différés en attendant de connaître les nouvelles politiques régionales à l’installation, tandis que la deuxième serait liée à l’augmentation du nombre de robots et de salariés sur les exploitations.
Pour les femmes, le parcours vers l’installation semble même plus difficile. Un rapport du Sénat paru en 2017 affirme que les prêts bancaires accordés aux exploitantes sont moins élevés. Seulement 30 % des femmes bénéficient de la dotation jeunes agriculteurs dans le secteur bovins lait, contre 55 % pour les hommes. La cause ? Des installations bien souvent plus tardives, atypiques et sur des surfaces plus petites que les hommes. Autre explication, cette fois-ci culturelle et sociologique : un tiers des femmes s’installe encore sur la ferme du conjoint.
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Selon Marie-Andrée Luherne, vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), ces freins ont tout intérêt à évoluer « afin de garder les 23 milliards de litres de lait produits que nous clamons haut et fort ». Consciente du défi démographique, la FNPL espère que la robotisation, gage de souplesse et de confort physique, attire davantage de candidats et candidates à l’installation.