Fête du Charolais, le dynamisme de toute une filière

FÊTE DU CHAROLAIS 2016 : NOS GALERIES PHOTO
A l'heure des discours, dimanche 23 octobre en fin de matinée, chacun des intervenants y est allé de ses expressions pour qualifier la Fête du charolais : « un mariage de toute une filière » pour Christian Chargueraud, président du comité d'organisation ; « une expertise du savoir-faire des éleveurs », selon Raymond Vial, président de la Chambre d'agriculture de la Loire ; « un partenariat multi-formes », pour Yves Nicolin, maire de Roanne et président de Roannais agglomération... Et la Fête du charolais est bien un mélange de tout cela : une manifestation à la fois professionnelle, avec plusieurs concours d'animaux, et grand public, avec de nombreuses animations qui lui sont dédiées, mais qui visent, pour la plupart d'entre elles, à promouvoir la viande et sa filière ; une manifestation qui ne pourrait pas exister sans le comité d'organisation, sans les bénévoles, sans les nombreux partenaires, sans les éleveurs, sans les visiteurs...
Ainsi, dans son discours, Chantal Brosse, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l'agriculture, a eu un mot pour les agriculteurs présentant des animaux : « Bravo aux éleveurs, qui travaillent tous les jours avec leurs animaux, qui font vivre les territoires, qui façonnent les paysages. Aujourd'hui, ils sont présents pour échanger sur leur métier. » Christian Chargueraud a bien évidemment lui aussi remercié les éleveurs pour leur présence, ainsi que l'ensemble des personnes et structures ayant oeuvré pour la réussite de cette manifestation : bénévoles, partenaires logistiques et financiers, donateurs pour la remise des prix et la tombola, entreprises qui ont acheté en amont des billets d'entrée via l'association Eleveurs charolais 42.
De compléter : « Nous avons fait le choix d'ouvrir la manifestation au grand public, c'est pour cela que sont arrivées ces dernières années la mini-ferme, l'exposition des animaux de basse-cour, l'exposition de chevaux de trait. » Des animations qui attirent inévitablement les visiteurs non professionnels. L'accent est particulièrement mis sur les enfants, notamment avec la mini-ferme, qui leur propose de participer à un jeu-concours pour tenter de faire gagner à leur classe une visite dans une ferme pédagogique. De plus, l'association Eleveurs charolais 42, en concertation avec le comité d'organisation, avait proposé à des écoles du Roannais de prendre part à des ateliers sur la ferme du lycée agricole de Chervé, en amont de la manifestation. Ainsi, 45 élèves (deux classes) ont pu apprendre sur l'alimentation et le logement des animaux, déguster de la viande et s'informer sur la Fête du charolais. Les éleveurs ont été aidés par des élèves du lycée en formation dans le domaine des services à la personne.
Toujours plus de visiteurs
Yves Nicolin avait dit, dimanche matin, que « le nombre de visiteurs sera la première récompense des organisateurs et des éleveurs ». Et ils ont été bien récompensés puisque les organisateurs ont comptabilisé 7 000 entrées payantes (+1 000 par rapport à 2015) et estiment à 11 000 le nombre de visiteurs au total. Il faut savoir que de nombreuses invitations ont été envoyées par exemple aux partenaires ou aux enfants des écoles ayant visité une ferme pédagogique en amont de la manifestation. Autre baromètre de la fréquentation, voire même de la réussite de la manifestation : le nombre de repas : 1 520 repas ont été vendus au total sur les deux jours pour les déjeuners (+15 par rapport à 2015, sans compter les repas enfants) et 520 tickets ont été vendus pour le repas dansant du samedi soir.
Dès le dimanche matin, Chantal Brosse avait remercié les visiteurs, « qui ont fait le bon choix de venir à la Fête du charolais ». Pour Sophie Rotkopf, conseillère régionale, « il est important que la ville et la campagne se rencontrent ». Raymond Vial allait dans le même sens : « C'est réconfortant de voir les citadins aussi nombreux à la Fête du charolais, qui est l'occasion de faire la promotion du “manger local”. Mais le combat est encore long pour faire changer les habitudes d'approvisionnement des collectivités. » Sophie Rotkopf confirmait « la volonté forte du Conseil régional de promouvoir le local », avec notamment « une vraie marque locale Auvergne-Rhône-Alpes », pour que les consommateurs sachent que « ce qu'ils ont dans leur assiette vient bien de la région ». Yves Nicolin en est convaincu. Depuis longtemps. C'est naturellement qu'il a évoqué la création par Roannais agglomération de la marque de territoire « 100% Charolais du Roannais », ouverte « à tous les distributeurs qui veulent jouer le jeu ». Pour Raymond Vial, « l'agriculture ne pourra exister que grâce au lien étroit entre l'agriculture et les clients locaux ».
Ne pas omettre la conjoncture
Le président de la Chambre d'agriculture poursuivait, en interpellant plus particulièrement Xavier Cereza, directeur de la DDT, représentant dimanche matin les services départementaux de l'Etat : « Quel contraste entre cette manifestation, qui se veut être une fête, et la situation actuelle de l'agriculture. Sans efforts des pouvoirs publics, nous allons au-devant d'une catastrophe. Je souhaite vivement que notre ministère de tutelle fasse le nécessaire pour sauver l'agriculture française. La crise est générale. Quelques ripostes de la profession s'organisent, comme par exemple le cœur de gamme », initié par la Fédération nationale bovine. « Tout doit être fait pour que les éleveurs ne soient plus les esclaves des temps modernes. » Dans cette conjoncture difficile, « les structures vont jouer leur rôle d'accompagnateurs ». Raymond Vial fait ici allusion, entre autres, à la démarche initiée depuis plusieurs semaines sur le département avec un outil en ligne d'auto-diagnostic économique des exploitations et un accompagnement des agriculteurs.
Xavier Cereza convenait que « la crise est longue et structurelle ». Il ajoutait : « Le Gouvernement a pris des mesures. Le préfet de la Loire a reçu la profession et a transmis ses doléances au niveau national. Les services de la DDPP travaillent aussi sur la restauration hors foyer. » Et de terminer en réaffirmant « l'engagement de l'Etat auprès de l'agriculture ligérienne, sur des dossiers comme le Projet agricole départemental, le développement de l'irrigation, l'accompagnement de l'A45... »
Lucie Grolleau Frécon
Des reproducteurs adultes de haut niveau
Environ 210 animaux ont pris part au concours de reproducteurs charolais, répartis dans les catégories veaux mâles et femelles de l'année, veaux d'automne, génisses, vaches, taureaux. Ils ont été jugés samedi. Hervé Sivet estime que la qualité des animaux adultes a gravi un échelon cette année. Il l'explique par la tenue du concours national adulte de la race Charolaise lors du sommet de l'élevage : « Les éleveurs de la région avaient préparé des animaux pour cet événement, puis ils les ont emmenés à la Fête du charolais. » Il apporte un complément d'information : « Les éleveurs ont l'obligation d'inscrire des adultes s'ils veulent participer au concours de Beaucroissant avec des veaux. Ces animaux participent le plus souvent ensuite au concours de Roanne. » Quant aux veaux de l'année, le responsable du concours estime que « leur quantité a diminué, mais que la qualité augmente progressivement d'année en année ». Les juges se sont dits satisfaits de la qualité des animaux présentés et du déroulement du concours. Ils ont surtout été agréablement surpris du site accueillant la manifestation et de l'organisation.Pendant la durée de la Fête du charolais, une dizaine de reproducteurs ont trouvé acquéreur, notamment des taureaux de 18 mois, les éleveurs cherchant des mâles prêts à saillir les vaches. Alors que la période estivale avait été plutôt atone en matière de commercialisation de reproducteurs, les transactions semblent se multiplier depuis plusieurs jours. Peut-être est-ce une répercussion du versement récent des aides Pac ? Hervé Sivet qualifie l'édition 2016 de la Fête du charolais comme « moyenne au niveau des contacts professionnels et du commerce ». Néanmoins, « la population non agricole est de plus en plus nombreuse à venir à notre rencontre, preuve de l'intérêt qu'elle porte à l'agriculture. C'est comme cela que nous arriverons à sensibiliser les consommateurs à notre cause, et à vivre de notre métier ».
Le responsable du concours qualifie d' « exemplaire » le comportement des éleveurs : « Ils ont respecté les horaires du jugement du concours. Ils ont été respectueux du verdict des juges. Ils ont été présents pour le montage des infrastructures » les jours précédant le concours. Hervé Sivet rappelle à ce sujet que la Fête du charolais ne serait rien sans l'aide des éleveurs.
Des animaux de boucherie homogènes
Les 124 places du chapiteau des animaux de boucherie étaient toutes occupées. Le jugement, qui se tenait samedi matin, sous le chapiteau à huis clos pour les sections et à l'extérieur en présence des éleveurs pour les prix d'honneurs, s'est déroulé dans de bonnes conditions. Bruno Recorbet, en charge de l'organisation de ce concours, explique qu'en matière d'animaux présentés, le niveau moyen de l'exposition est proche de celui de 2015, mais avec plus d'homogénéité. « En 2015, quelques animaux sortaient vraiment de l'ordinaire. Ce n'est pas le cas cette année. Tous les animaux prétendant aux prix d'honneurs étaient proches. Cela s'est retrouvé dans le vote des juges. » Des efforts restent cependant à faire pour les vaches. « On pourrait imaginer laisser plus de places pour les génisses, mais la catégorie des vaches permet aux éleveurs naisseurs de valoriser leurs femelles de réforme. »A l'issue des opérations du jury, les juges ont laissé place aux acheteurs. « La vente a été rapide, et donc indirectement plus facile, commente Bruno Recorbet. Les cours pratiqués sont rémunérateurs pour les éleveurs. Aucun d'entre eux ne s'est plaint ». Samedi, en début d'après-midi, tous les animaux avaient trouvé acquéreur. Il ne faut pas oublier que la Fête du charolais accueillait, pour la deuxième année, un concours d'agneaux de boucherie. Là aussi, les animaux ont tous été vendus.