« Être élu à la MSA, c’est du lien humain »
Les élections MSA se tiendront du 5 au 16 mai. Pour mieux comprendre ce régime spécifique au monde agricole, Bernard Tranchant, administrateur pour la caisse ligérienne et Nicole Declérieux, élue cantonale, précisent leur rôle.

Tous les six ans, les cotisants du régime social de la MSA (Mutualité sociale agricole) sont appelés à voter pour élire ce qui fait l’une des particularités de cet organisme : les élus locaux. Déjà présents sur les listes de la FDSEA pour les deux derniers scrutins, Bernard Tranchant, ancien éleveur laitier de Chuyer, retraité depuis trois ans et administrateur MSA, et Nicole Déclerieux, éleveuse en bovin lait à Saint-Chamond, installée en Gaec avec son fils et sa belle-fille, élue cantonale, sont à nouveau candidats à leur propre succession. « La MSA, c’est un régime aligné sur la Sécurité sociale, rappelle le premier. Nous, élus de terrain, en sommes la spécificité. Pour les exploitants, je pense que c’est très important puisque nous pouvons faire remonter leurs problématiques. » « Nous sommes moins anonymes qu’à la Sécu et dans le monde agricole, qui est un milieu spécifique, c’est important », abonde la seconde.
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Un point de vue que partage l’agricultrice couramiaude qui déplore malgré tout le manque de connaissances du rôle des élus MSA par les exploitants. « Beaucoup d’entre eux ne font pas appel à nous alors que nous sommes là pour les aider et que nous faisons le lien entre la structure et le terrain », regrette-t-elle, soulignant que les délégués « sont présents pour orienter ceux qui en ont besoin vers les services adaptés, au bon moment, pour que leur problème ne traîne pas en longueur ».
Voter pour légitimer le régime social
Si certaines avancées, notamment concernant la place des agricultrices, les congés parentaux et les formations Sentinelles, ont été réalisées au cours des six dernières années, Bernard Tranchant est lucide, « il reste du travail ». Et pour qu’il soit bien réalisé, le retraité enjoint ceux qui sont concernés à glisser un bulletin dans une enveloppe, ou, plus simple, à élire numériquement leurs représentants. « Les exploitants doivent voter avant tout pour eux », martèle-t-il. Une bonne représentativité peut avoir un poids politique important, « comme au sein de n’importe quelle élection. S’il y a beaucoup de votants, on est plus écoutés, plus entendus, permettant à la FDSEA de peser dans les décisions », insiste-t-il.
Le taux de participation peut aussi avoir un impact sur la légitimité du modèle social de la MSA. « Si on vote en masse, ça veut aussi dire que les gens sont concernés, qu’ils sont partie prenante de ce régime. C’est très important. Si on ne veut pas se faire engloutir par le régime général, il faut montrer qu’on tient bien les rênes. Si les agriculteurs ne votent pas, ils se tirent une balle dans leur propre pied », poursuit l’ancien éleveur laitier du Pilat.
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De son côté, Nicole Declérieux rappelle qu’il faut « profiter du système » proposé par la MSA. « Il existe, il est très bien », assure-t-elle, dénonçant ceux qui « râlent mais ne votent jamais. La MSA a un problème d’image parce que les gens ne savent pas comment elle fonctionne. Une fois que c’est acquis, tout va beaucoup plus vite ». Elle en veut pour preuve l’interface numérique, un outil « indispensable » aujourd’hui. « Certes, ça oblige à passer par Internet et ce n’est pas toujours évident pour les personnes âgées ou ceux qui ne sont pas à l’aise avec. Mais il ne faut pas hésiter à se faire aider. » En contrepartie, l’agricultrice met en avant la facilité de navigation dans l’espace privé. « Il est nettement plus simple de se connecter sur cet espace, de faire une demande de rappel en ligne (le retour se fait dans les 48 heures, ndlr), que de passer des heures au téléphone, sans savoir à quel service s’adresser, ou ne pas avoir de réponse », assure-t-elle. Ce guichet unique est pour elle l’une des forces du régime social puisqu’il permet de faciliter les demandes.
Sortir de chez soi
Alors qu’il a été administrateur au sein du GDS (Groupement de défense sanitaire) Loire pendant une vingtaine d’années, Bernard Tranchant ne se serait pas vu continuer au sein d’un comité technique après avoir pris sa retraite : « On est largué trop rapidement quand on n’est plus actif, raconte-t-il. Alors que la santé, la retraite, le social, ça concerne tout le monde. » Ce sont d’ailleurs les raisons qui le poussent à se représenter pour un troisième mandat. « Ça permet aussi de maintenir du lien humain. »
Cette dimension sociale est totalement partagée par Nicole Declérieux : « J’aime bien ce rôle de déléguée cantonale, indique-t-elle. Il me permet de sortir de chez moi, de rester connecter à l’actualité et de découvrir ce qu’il se passe chez les autres. » Si elle ne se considère peut-être « pas assez impliquée », car toujours active, l’agricultrice apprécie ce lien humain qui permet des avancées positives pour la profession. « Aujourd’hui, les jeunes prennent plus de vacances, de week-end. Ils peuvent se faire remplacer pour profiter de leur famille lors d’une naissance par exemple. »
Tous deux n’ont qu’un mot d’ordre à faire passer : votez !